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Je n'irai jamais sous les tropiques.

La nuit était claire et froide, éclairée par une lune pleine déjà haute dans le ciel sans nuages. Je marchais sur une petit route serpentant dans la campagne, pestant contre la mécanique. J'étais en panne de voiture et j'avançais depuis un bon quart d'heure, d'un pas vif, l'herbe gelée du bas coté craquant sous mes pas. Aucun signe de vie dans ce paysage noir et blanc.

Heureusement j'étais bien couvert. Ce parcours solitaire aurait pu être agréable dans d'autres circonstances. La route montait un peu en serpentant, augmentant la cadence de mon souffle et des panaches de buée l’accompagnant. J'espérais vaguement le passage d'une voiture ou la rencontre d'une maison accueillante. La Bretagne profonde n'est pas un désert inhospitalier. J'allais rejoindre pour les fêtes des amis parisiens qui inauguraient leur résidence secondaire dans ce endroit éloigné. J'avais donc quitté suivant leurs indications la nationale et devait encore faire une vingtaine de kilomètres pour les retrouver. Parti de Paris à 19 heures il était passé minuit et je savais qu'il m'attendaient.

Dommage de ne pas avoir pris le portable, j'aurais pu les prévenir, il serai alors venu me chercher rapidement. Ce week-end prolongé commençait mal. La voiture avait pourtant été révisée il n'y a pas longtemps. Quoique la lune éclairait bien le paysage on ne distinguait pas grand chose de part et d'autre du bas coté de la route. Seul le bruit de mes pas et mon souffle court rythmait ma progression. Cela faisait déjà plus de vingt minutes que j'avançais sans avoir rencontré âme qui vive. Sur la droite une tache blanche entre les haies m'indique un début de chemin. Une plaque sur un poteau penché pointe une direction, sans doute une ferme. Je distingue un nom : Ville es sauves. Drôle de nom. Je m'y engage. Si au bout de cinq minutes je n'ai pas vu de maison, je reviendrais sur la route.

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